Le décompte

Je prends du temps pour moi, je me découvre, qui suis-je ? Qu’est-ce que j’aime ?

Je me renseigne sur tout, littéralement tout !

Un jour je découvre un reportage de quelqu’un qui s’est essayé au BDSM.

Je regarde avec beaucoup d’attention et là je percute enfin !

Ce lâcher-prise, c’est exactement ce qu’il me faut.

Alors je continue mes recherches, j’investis dans du matériel divers et variés et j’expérimente.

Au début ce fut ca-ta-strophique !

Rien ne tenait, un mouvement et c’était fini, impossible.

Alors une fois n’est pas coutume, je recherche, encore et encore.

J’expérimente à nouveau, et ça tient, enfin, un peu plus longtemps…

Et ainsi de suite jusqu’au jour où je trouve une position qui me contraint pendant un temps défini grâce à un cadenas minuteur.

Alors j’essaye 2 minutes, 5, 10, puis 30 !

30 minutes…

Pour certains ça peut paraitre court, pour d’autres longs, mais pour moi, dans cette situation, avec ce passif, je me suis découvert.

Privé de la vue et du mouvement, je me suis écouté, je me suis senti.

Ma respiration, mon corps, mon odeur, les bruits environnants, la sueur qui ruisselle… C’était fascinant de voir que finalement la plus grande des contraintes, c’est la liberté, quand on voit tout ce qu’on manque.

Un mélange de plaisir non refoulé et découvertes de sens trop peu utilisés jusqu’à présent.

J’ai expérimenté de multiples manières et à chaque fois ce fut de nouvelles sensations, des pensées différentes, des réactions différentes… Fascinant.

Je ne peux m’empêcher de continuer d’apprendre sur le sujet et mes recherches continuent.

Je visite différents sites en rapport avec le milieu du BDSM et de fil en anguille j’arrive sur le premier site d’une dominatrice que je visite.

Intéressant, très intéressant, les pratiques seuls sont limitées mais accompagné de la bonne personne cela ouvre tout un monde de loisirs et de découvertes.

Alors je continue mon exploration dans ce monde bien plus vaste que je ne l’aurais imaginé.

Un site, deux sites, trois sites, à chaque fois une petite voix dans ma tête me disait « quelque chose ne va pas, ce n’est pas la bonne personne » ou encore « tu es vraiment prêt à te lancer là-dedans ? »

Prêt ? Est-ce que je le suis ?

Bien sûr que non, je ne fais qu’explorer, je n’ai rien envoyé.

Les semaines passèrent je prenais une petite partie de mon temps libre pour continuer mes recherches mais cette idée ne m’avait jamais retraversé l’esprit.

Mais un jour, j’ai cliqué sur un autre site, que je n’avais pas encore vu jusqu’à présent, d’une dominatrice.

Je visite l’accueil, je regarde les photos et là je me rends compte que la petite voix dans ma tête ne dit rien, absolument rien…

Alors je continue l’exploration, je vois que tout en bas il y a des témoignages récents, que je ne consulte pas tout de suite, d’abord le reste du site, autant garder le meilleur pour la fin.

Les pratiques, les scénarios et la… La… LA FAQ (foire aux questions) !

Pourquoi j’en parle comme ça ? Parce que cette FAQ possède, en réponse à certaines questions, des liens menant vers d’autres parties du site encore inexplorée.

Je pensais avoir tout vu, mais non, plus je visite et plus il y en a, ce qui n’est pas pour me déplaire car c’est une mine d’or d’informations.

Je voulais apprendre, mais pas trop vite, j’y suis donc allé petit à petit.

Ensuite les témoignages, tout simplement fascinant (c’est un mot que j’utilise beaucoup mais qui représente bien mon degré d’intéressement). A travers les écrits d’autrui on a la possibilité de ressentir ce qui a été ressenti, et le degré de confiance accordé à chacun des deux parties.

Je me suis abreuvé de nombreux de ces témoignages. 

Mon cœur accélérait au fur-et-à-mesure de la lecture mais… Pour une fois… Ce n’était pas du stress !

Vous vous souvenez de la petite voix dans ma tête ? La revoilà mais cette fois…

Fais-le…

PARDON ?! Ah non non non non non c’est absolument hors de question… Qu’est-ce qui me prend de penser ça ? Mais ça ne va pas dans ma tête !

Alors je ferme le site.

Quelques semaines passent et je décide, par simple curiosité de rouvrir le site.

Simple curiosité ? Allons bon… Je ne trompe personne !

J’ouvre le formulaire de candidature que je remplis avec transparence et honnêteté et je l’env… Je l’env… Non, je n’y arrive pas, tout est rempli mais… Je n’y arrive pas.

Je reste bloqué pendant longtemps devant mon écran, immobile, à peser les pour et les contre.

« Pour : une nouvelle expérience bien encadrée, de nouvelles sensations, un lâcher-prise absolument total !»

« Contre : Rien ? »

Mais s’il n’y a rien contre, pourquoi je n’y arrive pas ?

Alors je contacte la personne avec qui nous parlons d’absolument tout. Mon meilleur ami, nous nous connaissons depuis très longtemps et nous savons pratiquement tout l’un sur l’autre, il est mon confident, mon refuge.

Je lui dis tout.

Il me pose des questions concernant la sécurité, je réponds que tout a l’air bien encadré.

Et puis on en parle, encore et encore, on ne voit pas le temps passer.

Après moultes échanges avec lui, je retourne sur le site, je remplis à nouveau le formulaire et après ça…

J’ai cliqué !

J-9 à J-7

Dans cette épatante aventure que je vous conte, il y a eu 5 étapes compliquées, ce simple clic qui peut paraitre si anodin, était la première d’entre elles.

Attendez… Je viens vraiment de le faire ? Moi ? Celui qui ne parle de sa vie à personne ? Je viens de tout exposer à une personne que je ne connais seulement via son site ? Je suis fou… Mais je meurs d’envie de savoir ce que la suite me réserve.

Un dimanche du mois de mars, je me connecte à ma boite mail le soir après un week-end passé en famille, je ne m’attendais à rien de particulier et pourtant quelque chose a captivé mon attention, un mail ayant pour objet « Rencontre Inanna Justice » !

J’ouvre le mail et je constate que ma candidature est acceptée.

Alors là, moment d’égarement avec moi-même. C’est officiel, j’ai voulu jouer, maintenant trop tard pour faire demi-tour… Mais… Je n’ai pas envie de faire demi-tour !

Je réponds au mail. Nous convenons d’une date pour une séance de deux heures et une date pour une visio préalable qui aura lieu littéralement le lendemain de nos échanges.

Mon cœur bat la chamade, même si ce n’est que par visio, je vais rencontrer cette femme si impressionnante dont tout le monde sur son site vante à la fois le sadisme et la douceur.

Quelle délicieuse folie.

J-6

Nous y voilà, le jour de la fameuse visio. Je ne sais pas à quoi m’attendre, je ne sais pas quoi dire, je sors complètement de ma zone de confort.

Je me connecte sur le lien avec quelques minutes d’avance mais j’attends l’heure pile pour appuyer sur le bouton « knock ».

Vais-je le faire ? Suis-je vraiment prêt à aller aussi loin ? Pleins de questions m’envahissent tels des parasites voulant me faire douter mais je n’y prête que peu d’attention.

C’est l’heure. Je panique. Je prends une profonde respiration, je compte jusqu’à 3 et à nouveau… Je clic.

Vous l’aurez compris, ce bouton « knock », c’était la deuxième étape compliquée.

J’attends, les secondes paraissent une éternité et en très peu de temps, la voici, devant moi, enfin… Derrière l’écran de mon téléphone.

Madame démarre la conversation en me demandant de me présenter, parler de moi. Je déteste ça mais je m’exécute du mieux que je le puisse.

Par la suite nous discutons des modalités de ma venue, des règles de sécurité, des safeword, du temps qui sera consacré, d’un live animé la veille, etc…

Le temps passe rapidement et nous arrivons à la fin de l’échange, nous confirmons la date et fin de conversation.

Je suis heureux, très heureux, très très stressé… Oups… Encore une nouvelle étape de franchie et la porte de sortie d’urgence s’éloigne davantage.

A ce moment-là je suis sûr que je vais le faire, dans 6 jours je me lèverai, me préparerai, et irai vivre une nouvelle aventure parfaitement encadrée par Madame… Enfin… Si j’en ai vraiment le courage.

Mais cette journée n’est pas terminée !

J’écris, j’aime beaucoup écrire, alors c’était à sa fameux J-6 que j’ai écrit toutes ces lignes jusqu’au fameux premier clic de l’envoi du formulaire.

Ça m’aide à m’y retrouver dans mes idées dans lesquelles je me perds trop souvent.

Attendez… Ce texte pourrait-il intéressé Madame ? Elle aime les débutants et je parle de toute ma découverte du milieu du BDSM et de la manière dont je l’ai découverte elle.

Dans le doute… Qui sait… Autant l’envoyer ce texte.

Je débute la rédaction d’un mail, en y mentionnant ce texte mais ce n’est pas le seul élément.

Ma curiosité reprenant le dessus, je retourne sur le site relire des témoignages que j’ai déjà lu et relu à maintes reprises mais ceux-ci, en plus de me fasciner, me motivent à aller jusqu’au bout.

Durant ma lecture, je me rends compte que certains points, que j’ai moi-même renseigné dans le formulaire, ne sont plus en accord avec ce que je veux.

Alors je reviens également sur ces points dans ce même mail.

Enfin je parle de quelques imperfections sur mon physique à cause de multiples raisons (opérations, allergies, etc…).

Je le sais, je le sais pertinemment que le physique ne l’intéresse pas, mais je le précise tout de même.

J-3

Réponse reçue de la part de Madame.

Je l’ouvre.

Concernant les points du formulaire, c’est bien noté.

Concernant le physique, sans surprise, c’est l’attitude et le comportement qui l’intéresse.

Bon, j’ai l’attitude de quelqu’un de discret et réservé et le comportement de… Quelqu’un de discret et réservé. Ce ne sont pas des sornettes quand je vous dis que je sors vraiment de ma zone de confort.

Enfin, concernant mon écrit, Madame aime ma plume et comprend mieux pourquoi j’ai été si sensible aux témoignages des autres.

Je suis heureux. Je veux apporter ma pierre à l’édifice et montrer, à tous ceux comme moi qui hésitent, que si j’ai pu aller jusqu’au bout, tout le monde le peut.

Mais au bout… Je n’y suis pas encore, n’est-ce pas ?

L’attente est très longue, et j’espère sincèrement qu’elle en vaudra la peine.

Non je ne l’espère pas, j’en suis persuadé !

J-1

Comme convenu avec Madame, je dois confirmer, la veille de la séance, ma présence le jour J.

Je m’exécute, je rédige le mail et je l’envoie sans la moindre difficulté.

Mais c’est seulement après avoir envoyé ce mail, que mes deux neurones se connectent et que je réalise.

Le jour J… C’EST DEMAIN !

Je ne sais pas à quoi m’attendre, et mes sensations sont toujours les mêmes, un mélange de stress et d’envie.

De toute manière, c’est fait, je l’ai dit, demain, j’y serai !

Le jour J

J’étais persuadé que je passerai une mauvaise nuit avec le stress de cette journée.

Il n’en était rien, j’ai très bien dormi et je me réveille avec le chant des oiseaux, 5 minutes avant mon réveil, surement un signe.

Mais je sais quel jour on est, je sais ce qui est prévu, je reste assis en tailleur dans mon lit, hésitant entre fuir ou assumer. Comme je l’ai déjà dit, mes idées se mélangent souvent, mais il était clair qu’il était définitivement trop tard pour faire demi-tour, et il était surtout clair que je ne voulais pas le faire malgré ces pensées parasitaires.

Alors je me lève, je me prépare, je prends un petit déjeuner copieux mais pas trop (sur conseil de Madame), je vérifie bien avoir toutes mes affaires et je pars.

Durant tout le trajet pour aller chez Madame en transport en commun, j’écoute de la musique que j’aime et qui me détend, tout en effectuant des exercices de respiration. J’ai envie d’y aller, mais la panique est toujours présente alors je travaille dessus.

J’arrive au point de rendez-vous avec une demi-heure d’avance, je pars donc dans un café pas trop loin pour m’installer et déguster un bon café en attendant l’heure prévue.

Je reviens à l’adresse communiquée par Madame avec 5 minutes d’avances mais j’attends l’heure pile pour appeler.

Une fois en ligne, elle me communique le code et j’entre.

Dans ma tête à ce moment-là c’est « J’entre dans le repaire de Madame ».

Madame m’accueille avec un verre d’eau et nous commençons à échanger sur différents sujets le temps que je boive l’eau, je prends mon temps, par stress ou parce que j’aime nos échanges ? Eh bien, les deux pour être honnête.

Je lui fais part d’une de mes craintes, je sais pertinemment que je vais y trouver mon compte, mais j’ai posé des limites et en prenant en compte ces limites, comment est-ce qu’elle va y trouver son compte ?

Elle m’explique que sa joie vient de les découvertes que nous faisons pendant ses séances. Je bois ses mots avec passion en même temps que mon verre d’eau et me voilà prêt à passer à l’étape suivante. Madame me demande d’aller me doucher et m’indique de me mettre à genoux et toquer lorsque je serai prêt.

Alors je me douche, la température de l’eau est parfaite mais je ne veux pas faire patienter Madame trop longtemps, je me brosse les dents et vêtu uniquement d’un caleçon, je me mets à genoux et… Je ne fais rien. Plusieurs secondes passent et je n’ose pas.

Maintenant ça suffit ! Je suis là, alors j’y vais.

Je respire, je compte jusqu’à 3 et je passe cette troisième étape compliquée qui consiste à toquer à la porte.

J’écoute, j’entends le bruit des talons des bottes de Madame qui se rapproche de la pièce où je me trouve. Elle ouvre la porte, me regarde, se met à ma hauteur et me passe un collier en m’expliquant la symbolique des gestes. C’est à peine si j’ose la regarder dans les yeux.

Elle se relève et m’ordonne dans la suivre, nous arrivons dans la pièce principale.

Je ne regarde pas ce qui se trouve autour de moi, je me concentre sur cette déesse présente dans la pièce avec moi. Elle m’analyse, me caresse et d’un petit sourire en coin me fait comprendre qu’elle n’est pas satisfaite de son premier choix de collier, alors elle l’enlève et en choisit un autre, plus massif, comme une minerve qui bloque partiellement les mouvements de ma tête.

L’analyse et les caresses continuent, ça chatouille (je suis EXTREMEMENT chatouilleux) mais j’essaye de ne pas réagir. Je ferme les yeux afin de pouvoir profiter au maximum de l’instant présent.

Quand je les rouvre, je la vois se rapprocher de moi avec un bâillon.

« Ouvre ! »

Je m’exécute.

« Ici c’est comme chez le dentiste, même si tu n’articules pas, je comprendrai ce que tu cherches à dire »

C’est rassurant, mais j’avais déjà pleine confiance en elle.

Madame s’éloigne puis s’approche d’une table sur laquelle elle me demande de monter.

Etant particulièrement grand, ça n’a pas été simple mais nous avons finalement réussi à m’installer et je commence à le sentir ce sentiment qui me fait comprendre que ce qui va m’arriver va me transporter ailleurs.

Madame, ayant sûrement remarquer que j’avais souvent les yeux fermés, décide de me bander les yeux.

Incapable de voir, incapable de parler, je ne pouvais plus m’en remettre qu’à mon ouïe, mon odorat et mon toucher.

Alors j’écoute et je sens, la douce voix de Madame, son délicieux parfum, le bruit des entraves qui arrivent et qu’elle installe avec soin petit à petit tout en continuant les caresses.

SURSAUT

Madame rigole, elle venait de passer la main sur une partie très sensible de mon ventre, endroit où je suis certainement le plus chatouilleux.

« Ce n’est pas simple avec les personnes très chatouilleuses »

J’ai envie de répondre, mais à quoi ressemblerait un « Ah ça oui, je suis bien placer pour le savoir » avec un bâillon en bouche ? Je me contente de rire et d’acquiescer.

Et ainsi continue la session, les entraves affluent petit à petit, mêlées aux caresses de Madame.

Les mains immobilisées le long de la table, les pieds pratiquement collés aux cuisses, les bras le long du corps.

Et à ce moment-là, je suis déjà ailleurs, dans un endroit où les notions d’espace et de temps n’existent plus. Je respire, j’écoute, j’entends de temps à autres la voix de Madame ou des petits rictus, je ne sais pas pourquoi, mais j’en suis heureux.

Je reviens très partiellement à la réalité par un bruit strident que je reconnais, le bruit de chaines.

Madame les dispose sur mon corps pratiquement dénudé.

C’est froid, je le sens, Madame le dit en rigolant. Froid, mais agréable.

Le contraste entre la fraicheur des chaines et la chaleur de Madame, ce poids qui me fait ressentir davantage le gonflement de mon ventre et de ma cage thoracique lorsque je respire à pleins poumons, j’adore ça.

Alors nous restons là, incapable de vous dire combien de temps car je suis toujours dans cet état de transe où plus rien n’a d’importance, je profite au maximum de l’instant présent. Je reste dans cet espace vide de pensées où la seule chose que je ressens est mon corps se resserrer sur lui-même petit à petit avec toute la douceur, bienveillance (et petit côté sadique) de Madame.

Et là, je ressens quelque chose, une petite douleur dans le bras et ma main légèrement engourdie. Je pourrai prononcer le safeword pour dire que ce lien en particulier autour de mon corps est trop serré, mais je n’y arrive… car je ne veux pas.

Je reste silencieux, je respire profondément, chaque gonflement de mon corps me fait ressentir ces entraves et c’est particulièrement agréable de savoir que je suis là, à la merci de quelqu’un qui ne me fera jamais le moindre mal, que je suis complètement déconnecté.

Le temps passe et Madame commence à me libérer de ces entraves petit à petit.

Vient le moment où elle enlève celui qui était un peu trop serré (ou pas finalement vu que je n’ai rien dit) et je ressens les fourmillements dans ma main que je bouge, Madame le voit, rigole et me raconte que certains demandent que ce soit plus serré justement pour pouvoir profiter de ces fourmillements. Je les comprends, ce n’est pas désagréable.

Me voici à nouveau libre, la vue et la parole de nouveau libres, mais complètement ailleurs. Madame me demande comment je vais, j’ai envie de répondre « Divinement bien, c’est incroyable comme sensation ! » mais je n’arrive pas à exprimer ces idées alors je balbutie quelques mots qui m’ont semblés n’avoir aucun sens mais Madame sourit et répond « Bien » donc je suppose que j’ai dû dire quelque chose qui avait du sens.

Madame m’explique que la séance n’est pas terminée, elle aurait bien voulu me laisser dans cet état de transe mais elle tenait à essayer autre chose. Elle me montre un bodybag.

Il fait partie des rares éléments que j’ai remarqué en entrant dans la pièce et, secrètement, j’espérais que nous en arriverions là.

« On verra si avec ta grande taille tu rentres dedans, sinon j’ai de multiples autres solutions » suivi d’un rictus laissant transparaitre son côté sadique.

Je suis toujours ailleurs donc je n’ose pas imaginer les « autres solutions ». Je suis les ordres de Madame, je m’installe et miracle, pile la bonne taille !

Avant de procéder à l’enfermement complet de mon corps de ce bodybag, Madame m’installe une cagoule avec délicatesse. Impossible de voir au travers, deux petits trous au niveau des narines pour laisser passer l’air, bouche complètement libre. Cette fois, pas de bâillon.

« Je vais t’installer dedans, je ne veux pas que tu cherches à m’aider, je vais guider ton corps ».

Je relâche tout et je la laisse faire.

Une fois bien installé, elle le ferme et rajoute à nouveau quelques contraintes afin de bien me maintenir en place. Le moindre mouvement est pratiquement impossible.

Me voici à nouveau privé de la plupart de mes sens, pratiquement tous pour être honnête, j’adore ça et je me vide à nouveau la tête tout en écoutant la musique dont Madame à monter le son pour que je puisse l’entendre à travers la cagoule.

De temps en temps je la sens me toucher, me caresser, me montrer qu’elle est bien là, qu’elle veille.

Et puis… Rien… Où suis-je ? Qui suis-je ? Que fais-je ?

Je ne réalise plus rien, complètement perdu dans cette obscurité.

C’est une sensation indescriptible mais tellement agréable.

Est-ce que je suis toujours là ? Oui évidemment.

Est-ce que Madame est toujours là ? Oui je sens ses mains qui entourent ma tête.

Est-ce qu’elle me parle ? Non je n’entends que la douce musique.

A nouveau, je suis incapable de vous dire combien de temps je suis resté dans cet état, je sens que Madame commence à défaire les liens et me libérer.

Elle me sort du sac, m’enlève la cagoule, me parle, me pose des questions et je tente de répondre au mieux mais je ne suis pas encore de retour. Elle le sait, je l’entends rire. J’exprime mon absence et le fait que je n’ai pas vu le temps passé, elle me dit qu’il en est de même pour elle et que c’est le symbole d’une séance réussie.

Madame m’apporte un verre d’eau et un plaid pour me couvrir si j’ai froid. Il est doux, je le prends mais je ne me couvre pas, cette douceur m’aide à revenir petit à petit dans la réalité, il m’aide dans cette quatrième étape compliquée.

Je bois le verre d’eau, je me lève et je retourne à la douche. Jamais l’eau chaude n’aura été aussi agréable sur ma peau.

Je me rhabille et retourne voir Madame pour notre débrief.

Nous échangeons sur la séance qui a été, en tout cas je le ressens comme tel, un immense succès.

Nous continuons de parler de tout et n’importe quoi puis vient le moment où je dois partir, en faisant la promesse que je reviendrai.

Une fois dehors, j’ai compris, elle est là, la cinquième et ultime étape compliquée, le retour dans le quotidien.

Sur le trajet du retour, c’est un véritable mélange d’émotions. Un coup j’ai envie d’exploser de rire, un coup j’ai envie de fondre en larmes.

Madame m’a bien expliqué le concept de « subdrop » et je compte bien suivre ses conseils à la lettre.

Alors une fois rentré, je m’allonge sur mon lit, j’écoute ma musique préférée et je m’endors en ayant encore le son de la voix de Madame dans ma tête et son parfum enivrant en mémoire.