Rester (plus) en sécurité sur FetLife
Quand j’ai débarqué sur FetLife, il y a de très nombreuses années, c’est tout un monde qui s’est ouvert à moi… Internet était encore un territoire un peu sauvage — fascinant, certes, mais loin d’être sans danger. Et pourtant, il y avait quelque chose d’indéniablement grisant à découvrir que d’autres partageaient mes envies (et bien d’autres auxquelles je n’avais même jamais pensé !).
À l’époque, FetLife ressemblait à un saloon dans un western : brut, désordonné, mais plein de promesses. Ce n’était pas poli, ce n’était pas théâtral, et ce n’était surtout pas sécurisé par défaut. Et avec le recul, j’ai l’impression que la plateforme est devenue au fil du temps un terrain de chasse idéal pour les prédateurs.
On a tou·te·s appris à mieux naviguer sur Internet, mais beaucoup de personnes, trop enthousiastes à leur arrivée sur FetLife, se laissent emporter par l’excitation… et font des erreurs qui peuvent coûter cher émotionnellement ou pire.
Les choses listées sont souvent des principes de base, du bon sens. Mais l’euphorie de découvrir une communauté kinky peut brouiller les repères. J’ai publié cette liste comme point de départ d’une discussion collective sur FetLife, et je remercie les nombreuses personnes qui ont enrichi le sujet par leurs témoignages. Le fil est toujours en ligne, n’hésitez pas à y contribuer si le cœur vous en dit.
Guide de sécurité : les bons réflexes à adopter
Si quelque chose vous semble étrange… faites confiance à votre instinct.
L’intuition est un outil puissant. Si une situation vous met mal à l’aise, vous n’avez pas besoin de justification pour couper court. Le kink n’est jamais une excuse pour ignorer votre sécurité émotionnelle ou physique.
Créez une adresse e-mail dédiée à votre vie kink.
Utilisez une adresse distincte de votre vie personnelle. Cela vous protège à plusieurs niveaux et vous facilitera la vie quand vous commencerez à aller à des événements. Pas de prénom réel, pas de photo perso. Juste un espace réservé à votre identité kink.
`Paramétrez vos réglages de confidentialité.
FetLife vous permet de limiter qui peut voir votre profil, vos photos, qui peut vous écrire… Utilisez ces fonctions ! Elles ne sont pas là pour faire joli. Protégez-vous dès le départ, même si vous vous sentez à l’aise.
Ne partagez jamais d’informations personnelles identifiables.
Pas de nom réel, pas d’adresse, pas d’infos pro. Même si la personne semble sympa. Même si vous discutez depuis des semaines. Ces infos doivent rester strictement confidentielles tant que la confiance n’est pas solidement établie.
Restez sceptique face aux profils trop beaux pour être vrais… ou trop vides.
Un profil sans photo, sans publications, sans interactions : c’est un carton rouge. À l’inverse, les profils qui ressemblent à un film hollywoodien sont souvent trop lisses pour être vrais. Prenez le temps de lire, de chercher les incohérences, et fiez-vous à votre bon sens.
Prenez en compte l’ancienneté du compte. S’il a été crée très récemment, méfiez-vous.
Méfiez-vous des messages privés non sollicités.
Si une personne vous écrit sans jamais avoir interagi avec vous publiquement, c’est souvent pour éviter les regards de la communauté. Ce n’est pas forcément un drame, mais c’est un drapeau orange. Prenez note, observez, et n’hésitez pas à ignorer.
Prenez le temps de lire les profils. Tous les messages ne méritent pas réponse.
Avant de répondre à un message, lisez le profil de la personne. Est-ce que ses valeurs vous conviennent ? Utilise-t-iel un langage respectueux ? A-t-iel des pratiques qui vous mettent mal à l’aise ? Votre temps est précieux. Ne vous épuisez pas à répondre à des copié-collé envoyés à la chaîne. Le silence est un outil de tri parfaitement légitime.
Si quelqu’un veut publier une photo où vous apparaissez, exigez d’être tagué·e.
Cela permet de garder un œil sur l’usage de votre image. Et si vous ne voulez pas que la photo soit publiée ? Vous avez tout à fait le droit de dire non. Le consentement s’applique aussi à la diffusion de visuels.
En cas de harcèlement ou de comportement inapproprié : documentez et signalez.
Faites une capture d’écran, notez la date, signalez à l’équipe de modération, bloquez. Et surtout, ne doutez pas de votre droit à agir. Vous ne « dramatisez » pas. Vous protégez votre intégrité – et potentiellement celle d’autres personnes.
Ne vous laissez pas entraîner sur WhatsApp, Telegram ou autres réseaux trop vite.
Quitter FetLife trop rapidement, c’est risquer de perdre la possibilité de bloquer, signaler ou demander de l’aide. Les personnes bien intentionnées ne vous pousseront jamais à migrer de plateforme sans vous laisser le temps.
🚩 Signaux d’alerte : à prendre très au sérieux
La personne demande de l’argent
Les professionnel·les sérieux·ses ont des sites web, des systèmes de réservation clairs, et souvent des témoignages vérifiables. Iels ne vous enverront pas leur PayPal par message privé pour un « hommage » sorti de nulle part. Si la demande d’argent précède toute discussion sur les limites, le cadre ou vos attentes : partez en courant.
Demande des photos
Envoyer des photos de soi, surtout intimes, ne devrait jamais être une condition pour « prouver » votre authenticité ou engagement. La pression ou l’insistance sont des formes de manipulation. Le consentement est clé – toujours.
Des messages insultants ou sexuellement agressifs
Il ne s’agit pas de dirty talk, mais de harcèlement. Il n’y a aucune raison d’accepter ce type de comportement, même dans un espace BDSM. Vous avez le droit de vous exprimer, de bloquer, de signaler.
Menaces ou tente de vous intimider
Qu’il s’agisse de menaces subtiles ou explicites, ce n’est jamais acceptable. Toute tentative de manipulation ou de chantage émotionnel est un drapeau rouge. Vous n’avez pas à vous justifier pour couper le contact.
Iel veut vous rencontrer tout de suite, en privé (hôtel, domicile, etc.)
Une vraie rencontre se prépare. On discute des attentes, des limites, des sécurités. Insister pour un rendez-vous dans un cadre isolé dès les premières conversations, c’est suspect, voire dangereux.
Évitez de rencontrer quelqu’un pour la première fois lors d’une play party
Cela peut paraître excitant, mais c’est un environnement bruyant, intense, où il est difficile de juger de la dynamique. Préférez un café, un parc, ou un moment neutre avant toute proposition de jeu.
Pour conclure
FetLife est un espace qui peut être extraordinaire, mais tout ce qui est puissant mérite d’être abordé avec vigilance. Il est possible d’y faire des rencontres magnifiques – et il est tout aussi possible d’y tomber sur des situations franchement toxiques.
Vous avez le droit de poser des questions, de dire non, de bloquer, d’ignorer, de vous retirer. Votre bien-être passe avant tout. Ce n’est pas de la froideur – c’est de la maturité émotionnelle.
Et surtout, souvenez-vous : vous n’êtes pas seul·e. La vraie communauté kink existe. Elle est bienveillante, attentive, solidaire. Elle commence avec vous.
Have fun, stay safe, and keep it kinky!